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L’embouchure de la Schlei

Difficile de dire quel est l’endroit le plus beau sur la Schlei. Sieseby, Missunde, Arnis, Rabelsund — tout a son charme. Mais ce qui est certain, c’est qu’on loupe quelque chose quand on ne va pas à Schleimünde car l’embouchure de la Schlei est un coin de paradis. En plus, elle va de paire avec une promenade en bateau.

Info :
En octobre 2023, une énorme tempête a abîmé les côtes de la Baltique. La pointe de Schleimünde a été endommagée, elle aussi. En attendant que les travaux soient finis, les bateaux de croisières ne s’y arrêtent plus. Ils font demi-tour un peu avant et font halte à Maasholm. Il est également interdit de s’y rendre. (2024)


D’abord, il y a l’eau de la Baltique — claire, scintillante, intense. D’autant plus belle que le ciel s’y réverbère. Aussi bleue que les bouées sont rouges. Au soleil, les couleurs sont éclatantes. L’endroit n’est pas grand. Il y a le passage, étroit comme un mouchoir de poche, la pointe et son joli phare vert et blanc, un petit port de rien du tout mais si charmant avec ses pontons en cercle, un magasin de fortune — des articles faits maison pour les touristes — et un bistro avec sa terrasse autour qui donne sur la mer. Il ne faut pas plus pour se sentir bien au paradis.


Le phare et la digue à l’entrée de Schleimünde

Ensuite, il y a tous les bateaux qui se partagent le chenal : les voiliers, les bateaux à moteur, les vieux gréements et le plus atypique de tous, un bateau de croisière, le « Schlei Princess », qui ressemble aux riverboats du Mississippi. C’est lui qui promène les touristes jusqu’à Schleimünde, avec sa grande roue à aube à l’arrière. A moins de partir de Kappeln avec un petit bateau à moteur électrique, comme moi. Donc, il y a les bateaux, mais il y a aussi la route à faire et des choses à voir : les chaumières cachées entre les joncs, les rives boisées qui montent et qui descendent, entrecoupées de champs, les lagunes et les petits ports. Un régal pour les yeux.


A certains endroits, il y a foule sur la Schlei.
L’Elegant, un vieux gréement stationné à Kappeln. Derrière, Maasholm.
La Schlei Princess fait des tours réguliers jusqu’à Schleimünde.

Pour finir, il y a la petite touffe d’arbres emblématique au beau milieu de la mer, un brin d’exotisme au bout du monde. Un petit groupe de cocotiers nordiques, des peupliers paraît-il, qui semblent émerger du sable. Ces arbres se trouvent à l’intérieur de la réserve naturelle, laquelle représente la majeure partie de la presqu’île. Personne ne peut y aller, juste les vaches et les oiseaux. Ici, le sol se soulève à peine au-dessus de l’eau. Il rappelle le paysage d’une île déserte. La carte postale par excellence.


Ce groupe d’arbres est reconnaissable de loin. Ils donnent leur forme à Schleimünde.

Un peu d’orientation pour commencer.

Considérée comme un bras de mer en forme de fjord, la Schlei est une voie d’eau qui scinde les terres du Nord en deux — séparant la région d’Angeln (au nord) de celle de Schwansen (au sud).

Entre l’embouchure et le fond du fjord, on compte en tout 42 kilomètres de méandres jusqu’à Schleswig. Sur son parcours, la Schlei s’élargit à plusieurs reprises au point de ressembler parfois à un lac de 4 kilomètres de largeur. A Missunde et à Arnis par contre, elle a l’aspect d’une rivière. Elle mesure juste une centaine de mètres. C’est un peu avant d’arriver à Schleimünde qu’on arrive à l’endroit le plus profond. A Rabelsund, l’eau descend jusqu’à 16 mètres de profondeur entre les deux rives qui se resserrent à cet endroit.


Les maisons de Rabelsund au soleil, un rêve au bord de l’eau.
A cet endroit, la Schlei est très profonde même si on ne s’en rend pas vraiment compte.

Ce n’est pas un hasard si on appelle la Schlei « la fille de la Baltique ». A beaucoup d’égards, elle dépend de la mer. Le niveau de son eau par exemple est en rapport direct avec celui de la Baltique. Il suffit d’un bon vent d’est pour que la houle submerge les terres, surtout lorsqu’elles sont basses comme à Schleimünde.

C’est pour cette raison que la tempête qui a ravagé les côtes du Schleswig-Holstein dans la nuit du 20 au 21 octobre 2023 a provoqué autant d’inondations jusqu’à Schleswig. Une fois entrée dans le fjord, prisonnière, la mer ne peut plus se retirer.


L’embouchure de la Schlei est caractérisée par ses terres basses, à peine plus élevées que le niveau de l’eau.

Dans la même logique, à Schleimünde, l’eau est salée alors qu’à Schleswig, elle a été adoucie par différents cours d’eau, ce qui fait de la Schlei la plus grande zone d’eau saumâtre de la région.

C’est entre Maasholm et Olpenitz que la côte laisse un passage étroit à la mer. Il s’agit de Schleimünde, « l’embouchure de la Schlei ».


Au sud de ce fjord, le littoral est caractérisé par des falaises qui alimentent Schleimünde en sable depuis des siècles. Il y a quelques années, la marina d’Olpenitz, une ville portuaire en forme de bateau, a été créée entre ces falaises naturelles et l’embouchure.


La réserve naturelle du côté d’Olpenitz se trouve à l’entrée de Schleimünde. Pas de falaises à cet endroit, mais du sable et de la végétation rase.

De l’autre côté, au nord, on trouve une presqu’île qui se termine par un cordon sableux. Juste au bout, la Lotseninsel forme comme une pointe ultime. Si à l’origine, il s’agissait bien d’une île — « Insel » pour île et « Lotse » pour pilotes, ces derniers étant stationnés sur l’île afin de guider les bateaux dans le chenal de la Schlei —, aujourd’hui, cette terre fait partie du continent et le dernier pilote a quitté les lieux en 1986.


Le nom de cet endroit est donc resté, mais les GPS ont remplacé les pilotes. Il y a une chose qui n’a pas changé : toujours et encore, cet endroit n’est accessible que par bateau.

Sur l’île aux pilotes, vous trouverez une digue qui s’avance dans la mer. Tout au bout, protégé par un muret en pierre, un phare de 15 mètres accueille les visiteurs de la Schlei depuis 1871. Dans la région, aucun phare n’a changé aussi souvent de couleurs. En briques jaunes à l’origine, il a été à tour de rôle gris foncé, jaune, gris, rouge et blanc, noir et blanc avant de devenir blanc avec une bande verte en 2014, selon les recommandations internationales.



Même si cela ne se remarque plus, cette entrée est artificielle. Il y a encore quelques siècles, l’embouchure de la Schlei se trouvait un peu plus au nord mais l’ouverture naturelle était régulièrement bouchée par les dépôts de sable (ou intentionnellement car en 1418, un chevalier danois se plaignit parce qu’une douzaine de bateaux avaient été coulés, bloquant le passage). L’entrée actuelle, elle, n’a pas ce problème. Sa profondeur varie constamment entre 6 et 8 mètres.

Au Moyen-Age, il y avait même deux ouvertures, l’eau passant des deux côtés de la Lotseninsel. Au sud-est de l’île, il existait alors un autre îlot flanqué d’un village du nom de Mynnaesby ainsi qu’une fortification. Depuis, ces terres ont disparu tandis qu’une presqu’île s’est créée à l’est de Maasholm.


Côté mer, une nouvelle côte se forme depuis quelques dizaines d’années. Son paysage de dunes et de prés s’élève 1,5 mètres au-dessus du niveau de la mer. La majeure partie de ces terres a été déclarée zone protégée en 1927.



Il est possible d’accéder à certaines parties, mais uniquement dans le cadre de visites ornithologiques guidées.

Côté fjord, une lagune abrite le plus mignon de tous les ports.

Sur le quai, on trouve un minimum d’infrastructures, entre autres l’ancienne station de pilotage de 1919, un petit magasin et un restaurant, la « Giftbude », une institution historique car de tous temps, les marins se sont arrêtés sur l’île. Actuellement, c’est une association soutenant des personnes en situation de handicap qui gère le bistro.



La tempête d’octobre 2023 semble avoir détérioré une partie des infrastructures. Reste à savoir comment la fondation qui est responsable de l’île pourra réparer les dégâts.

Si vous optez pour le bateau de croisière, vous n’aurez pas beaucoup de temps sur l’île. La durée de l’arrêt est de 30 minutes. Par contre, vous apprécierez sûrement la vue qui s’offre à vous.

Vous faites partie des individualistes ? Alors, faites comme moi : Payez-vous un petit bateau à moteur à Kappeln. Avec un bateau électrique, vous aurez besoin d’un peu plus d’une heure pour aller jusqu’à Schleimünde. Réservez au minimum trois heures. Au mieux même quatre. Ainsi, vous aurez plus de temps pour profiter du restaurant ou de l’eau.



En route vers l’embouchure, vous découvrirez la jolie ville de Kappeln, le lieu-dit de Rabelsund, la lagune et le port de Maasholm d’un côté ainsi que la rive d’Olpenitz de l’autre.

En général, le chenal est assez étroit. Même si les lagunes qui s’étendent des deux cotés invitent à l’aventure, leur faible profondeur peut être fatidique selon votre moyen de transport. Il vaut donc mieux s’orienter aux bouées. Faites également attention aux règles de conduite sur l’eau.

A Kappeln, pour compléter votre visite, vous pouvez traîner sur les ponts du musée de vieux bateaux. Qui veut avoir plus d’informations sur l’histoire de Kappeln, peut lire l’article suivant consacré à l’histoire de la pêche sur la Schlei.

Si vous êtes plus tentés par Maasholm, vous pouvez évidemment vous arrêter dans ce port de pêche traditionnel. Voici un article sur cette charmante petite ville.


Autres balades sur la Schlei

Côté sud (Schwansen)

Côté Nord (Angeln)