Suivez les contours de la côte baltique sur une carte et vous verrez que celle-ci fait un grand virage vers l’est à partir de la ville hanséatique de Lübeck. C’est à peu près là que s’arrête le Schleswig-Holstein et que commence un autre Bundesland vaste et plat : le Mecklembourg-Poméranie-occidentale.
Avant que n’apparaisse la frontière de la Pologne, on trouve un agglomérat d’îles et de presqu’îles aux noms parfois étrangement longs ou aux consonantes slaves. C’est là que je vous convie d’aller en balade, à la découverte du Far-Est ou du Phare-Est, c’est selon. Nous allons sur la péninsule de Fischland-Darß-Zingst qui est magnifique.
Sur la presqu’île, il y a de quoi faire et surtout de quoi se pâmer devant la beauté du parc national. A vous de décider parmi toutes ces activités. Au mieux, je vous dirais bien de tout faire parce que tout est splendide !
La plage de long en large
Une nécessité absolue, c’est de longer la plage de sable fin blanc à partir de Prerow à la recherche d’ambre et de coquillages. Entre deux, on peut rêver, assis à l’abri du vent, dans un des fauteuils de plage, ou près des dunes herbeuses en contemplant le ciel, la mer et les oiseaux marins qui picorent le long de la grève.
Le petit port de pêche
Si vous longez la côte en direction de Darß, vous entrez automatiquement au centre du parc national (la « Kernzone »). Le cœur chavire et vibre de romantisme devant les beaux bateaux en bois cachés dans les herbes hautes du petit port de pêche de Darß. Calme absolu ! Même les touristes en vélo deviennent tout zens. C’est contagieux !
Au niveau du port de Darß, vous entrez dans les roselières en prenant les platelages. Ici, laissez-vous bercer par le bruit des roseaux et des aulnes et allez à la recherche des arbres tordus par le vent qu’on appelle les Windflüchter, donc les « fuyeurs de vent ».
Le phare de Darß
Heureusement, le paysage magnifique et la nature changeante sont là pour faire patienter car pendant cinq kilomètres, on sait qu’on est en direction du phare de Darß mais ce n’est qu’au dernier moment qu’on le voit, ce beau phare tant attendu.
Construit en 1848 au nord-ouest de la péninsule pour prévenir les bateaux des hauts-fonds de la Darßer Schwelle, il fait partie des plus anciens d’Allemagne. De nos jours, il abrite un petit musée appelé le Natureum dédié à la mer Baltique et ses spécificités.
Une maquette sur le chemin qui mène vers la plage explique que ce phare était à l’origine au bord de la mer et qu’il risque de disparaître dans quelques décennies. Se trouvant à l’endroit où le vent et les vagues poussent le sable en direction de Prerow, ses fondations sont menacées.
Attention ! Comme le musée est situé en plein cœur du parc national, on ne peut pas y accéder en voiture. Par contre, la presqu’île est connue pour être très « vélophile » et vous trouverez des locations de vélos dans presque tous les petits villages de ce cordon littoral et des lagons. Sinon, un petit train et des charrettes tirées par des chevaux de trait vous aideront à aller dans les coins retirés du parc. Leur terminus se trouve juste devant le phare.
Je conseille aux amateurs de randonnées ou de promenades de longer la mer sur quelques kilomètres.
Une fois là, vous pourrez monter les 134 marches si le courage et les muscles le permettent encore. C’est possible dans le cadre d’une visite du Natureum. L’entrée est payante mais ainsi, vous pouvez profiter du panorama.
Dans l’enceinte du musée, vous pourrez prendre un petit remontant dans le café qui se trouve dans un des bâtiments contigus au phare.
Le retour peut se faire à pied par les bois, à la découverte des arbres mutilés par les anciennes récoltes de résine mais si vous en avez assez, évidemment, rien ne vous empêche d’attendre le petit train ou la charrette qui vous emmènera en direction du parking. Ceux qui veulent découvrir la presqu’île en vélo trouveront des parcs à vélos devant le phare. Tout est prévu pour une visite sans voiture.
Camping dans les dunes
Du temps de la guerre froide, lorsque l’Allemagne était séparée en deux Etats distincts, Prerow faisait office de Majorque de l’Est ou de côte d’Azur de Poméranie. Rien qu’au camping qui se trouvait dans les dunes de sable fin, plus de dix mille Allemands de l’Est y plantaient leur tente, serrés comme des sardines, mais heureux d’avoir eu une carte d’autorisation, d’avoir une place au soleil. D’ailleurs, aujourd’hui encore, Prerow est le seul endroit en Allemagne où il est permis de camper dans les dunes.
Il faut donc s’imaginer l’effervescence du lieu : des dizaines de milliers de touristes, six rangées de campements, des boites de nuit à profusion, en tout vingt fois plus de touristes que d’habitants. Et une vague de nudistes à partir de la fin des années 1940 que le gouvernement finit par tolérer, faute de ne pas pouvoir interdire cette liberté de corps. Le FKK (Freikörperkultur, littéralement « culture du corps libre/nu ») est toujours et encore admis à cet endroit même si la zone de FKK indiquée par des panneaux a été restreinte après la réunification.
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