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Barth ou l’Atlantide de la mer Baltique

On l’appelait Vineta et c’était la ville la plus grande et la plus belle de toutes. Aucune en Europe n’était plus radieuse. Aucune ne l’égalait dans son mélange des peuples. Des Barbares, des Grecs, des Slaves et des Saxons. Et tous si riches que même les quenouilles des jeunes filles étaient en or et les cloches des églises en pur argent. Rien ne manquait. Et parce qu’elle était si riche, l’orgueil et l’impiété n’y manquaient pas non plus. C’est ainsi qu’un jour, cette ville qui n’avait sa pareille disparut, engloutie, anéantie à jamais.


Place centrale. Les trois poissons représentent la ville de Barth. Une ville presque aquatique.

Par la suite, on essaya de la retrouver, cette Atlantide de la mer Baltique, à la recherche de trésors ou d’une certitude. Un vrai mystère. Où pouvait se trouver Vineta ?

On étudia les textes anciens : le géographe Adam de Brême qui décrit exactement son emplacement et le chroniqueur Helmod de Bosau qui en parle au passé un siècle plus tard. On la chercha à côté et au large de l’île de Usedom, puis près de l’île polonaise de Wolin, sur un banc de sable où l’on trouva effectivement les vestiges d’un ancien port slave dans les années 1950. On se mit à élaborer des hypothèses et on continua les recherches archéologiques jusqu’à ce que germe une nouvelle théorie, la plus récente.

Vineta qui apparaît aussi dans les chroniques sous le nom de Jumne, Iumne ou Uimne se trouverait à Barth, ensevelie dans la vase de sa lagune. Grâce aux clichés pris par des satellites pendant la crue millénale de 1997, deux scientifiques de Berlin pensent avoir trouvé la preuve qu’au XIe siècle, l’embouchure de l’Oder était plus à l’ouest, près de Ribnitz-Damgarten, ce qui donnerait tout son sens à la description d’Adam de Brême et qui prouverait que Vineta soit près de Barth.

Mais comment cette ville put-elle disparaître sans laisser de traces ? Les climatologues ne peuvent pas confirmer de changement climatique radical durant les 5.000 dernières années. Aussi, Goldmann et Werbusch, les deux scientifiques en question, partent du principe que c’est pendant l’intrusion des Danois en Poméranie que Vineta sonna son glas, après que leurs ennemis aient détruit les digues construites autour de la lagune pour protéger la ville. Alors, Vineta, la belle, la grande, la fière, fut engloutie par les flots et ce, certainement entre 1158 et 1170. Mais il faudrait encore en avoir une preuve.

En tout cas, si un soir vous allez à Barth, asseyez-vous au bord de l’eau et si, par chance, le vent tombe, peut-être entendrez-vous le bruit argenté des cloches à travers les vaguelettes et vous verrez peut-être même aussi scintiller les toits des maisons et les ruelles de la ville miraculeuse au fond de la mer.

Barth et son centre-ville

En fait, pourquoi ne pas tout simplement croire à la légende en se promenant dans cette belle petite ville fraîchement restaurée et haute en couleurs ? La forme concentrique de son centre-ville porte les traces de 750 ans d’histoire sans grands bouleversements architecturaux.

Pendant que dans la rue principale et sur la place du marché de belles maisons bourgeoises aux pignons gothiques trônent l’une à côté de l’autre, dans les ruelles alentours, les petites maisons basses de pêcheurs de toutes les couleurs sont de toute beauté. Barth a d’ailleurs un port charmant.

C’est du clocher de l’église Sainte-Marie que l’on peut se rendre compte du grand nombre de bâtiments historiques.


Du côté Est, on peut voir la place principale avec ses maisons bourgeoises.

S’il n’est pas évident de s’orienter en voiture dans ce labyrinthe de rues à sens uniques, les ruelles pavées et bien retapées invitent à la promenade pédestre. Le Dammtor et l’église font partie des quelques éléments verticaux qui tranchent avec les petites maisons de pêcheurs regroupées en cercles.



Le Dammtor

En fait, le Dammtor est une des anciennes portes d’entrée de la ville. Au XIXe siècle encore, Barth en avait quatre pour entrer dans l’enceinte de la ville. Aujourd’hui, le mur a disparu et on ne trouvera que le Dammtor et le Fangelturm. Il s’agit là d’une belle tour de 35 mètres de haut et de 4 mètres de large, presque carrée, qui date de 1427.



Les maisons de pêcheurs

Aux alentours du port, on tombe littéralement amoureux des maisons de pêcheurs. Comme vous le voyez, elles sont toutes très colorées et je me suis demandée si cela faisait partie de la tradition ou si ce n’était pas surtout pour attirer le touriste car beaucoup d’entre elles proposent des appartements de location (souvent très coquets d’ailleurs).



Le port

Quant au joli petit port où s’alignent restaurants et magasins spécialisés en voile, il fait bon y naviguer, que ce soit les mains dans les poches ou avec sa canne à pêche. De jour comme de nuit, on y hume un air de liberté.



Sa sérénité est contagieuse, surtout le matin quand le monde se réveille.

Le clocher de l’église Sainte-Marie

A quelques pas de là, il y a l’église Sainte-Marie (St.-Marien-Kirche) qu’il faut absolument visiter. Pourquoi, demanderez-vous ?

D’abord pour la beauté de cette église gothique qui date de 1250 et pour son orgue construit par Buchholz à Berlin. Mais surtout parce qu’on peut monter dans le clocher et que cela vaut bien une via ferrata.



Voici l’église Sainte-Marie de style gothique vue de l’extérieur. Du haut de son clocher, on peut voir les lagunes des environs et la ville entière. Regardez bien la photo ! Les petites lucarnes presque carrées qui se trouvent des deux côtés de l’horloge sont les ouvertures qui vous permettent d’admirer le panorama. Il faut ouvrir et refermer les volets soi-même ce qui est assez sportif quand il y a du vent mais c’est beau.


Une véritable aventure que cette ascension ! C’est ici qu’il faut frapper pour visiter, juste en face de l’église, au Lesecafé. Alors, sortez vos 1 ou 2€ et la gentille dame vous ouvrira la porte de la tour.

Avant de vous laisser découvrir le lieu en toute tranquillité, elle vous dira de bien refermer les fenêtres en haut avant de redescendre. Des fois qu’il y ait trop de vent qui s’engouffre et parce que personne ne montera les refermer. On dit poliment « Tschüss ! », on lit sur un panneau que la tour fait 86,50 mètres de hauteur et que c’est parti pour 180 marches.



Quand on commence à avoir sacrément le tournis à force de monter les escaliers étroits comme pas deux et qu’on a bien tiré sur les cordes qui servent de rampes pour gravir les marches hautes, on se retrouve au-dessus de la nef, au niveau des premières poutres de la toiture.

Pour reprendre haleine, on peut s’arrêter dans les greniers de Sainte-Marie. Même si les mécanismes de l’horloge sont cachés derrière une façade en bois, on entend la pendule et son tictac et on se retrouve dans un véritable musée car ici, c’est bourré de girouettes, de vieilles cordes et de meubles divers.

On se croirait un peu dans le «Nom de la Rose».



Ensuite vient une deuxième série d’escaliers encore plus exigus. Cette fois-ci, on se retrouve nez à nez avec les cloches et là, on peut déjà ouvrir un premier volet énorme (attention au vent !). La vue sur la lagune y est déjà très belle.

Finalement, après avoir pris une échelle en bois, on arrive au sommet de notre via ferrata : un étage plus haut, à la même hauteur que les horloges, sur un plancher qui grince. C’est là qu’on peut souffler un peu, ouvrir les fenêtres l’une après l’autre. Il n’y a plus qu’à admirer la vue — le port, la lagune, la ville à 360° et par beau temps l’île de Hiddensee. Epoustouflant !


Vers le Nord, on peut admirer la lagune. Même par temps pluvieux, très joli.

Au fait, on peut aussi demander à voir la bibliothèque de l’église qui contient une bible en bas-allemand (en Niederdeutsch) imprimée à Barth en 1588.

Je publierai des photos de l’intérieur de l’église dès que j’aurai la permission de le faire. Les photos faites dans l’église sont d’usage privé.

A faire et à voir également à Barth

apprécier la fontaine de 1958 avec ses trois poissons dressés, emblème de Barth, et décrypter les slogans socialistes typiques de la RDA rédigés par Kurt Barthel, écrivain et dramaturge

visiter le musée Vineta (Vineta-Museum) installé dans une maison de marchand du XVIIIe siècle et qui servit pendant un temps de mairie. On y trouve l’histoire de la ville de Barth, une exposition d’œuvres d’artistes de la région ainsi qu’une petite exposition sur la légende de Vineta.

s’asseoir chez le boulanger « Junge » dans la grande rue et essayer les gâteaux succulents

se promener sur le port le matin, le midi et le soir ; trois fois par jour comme un cachet qui fait du bien



Les must de la région

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