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Napoléon, Hollande et Stralsund, c’est tout une histoire.

On ne peut pas dire que la ville de Stralsund manque de jumelages : Presque tous les pays de la mer Baltique font office de famille rapprochée ce qui est un peu normal quand on pense au passé glorieux de Stralsund au sein de la Ligue hanséatique. Par contre, apparemment, pas vraiment de liens avec la France. Il faut dire que cette ville située à 1000 kilomètres de la frontière franco-belge est loin de notre douce France. Aussi, en allant dans un musée comme celui de l’Ozeaneum, on pourra emprunter un audioguide en anglais ou en polonais mais pour le touriste français ? Que nenni!

D’ailleurs, petite anecdote amusante — Lorsque l’ex-président de la République Française François Hollande y rendit visite à sa collègue Angela Merkel en 2014, les drapeaux qu’on avait hissés furent beaucoup commentés par la presse régionale. Les bandes étaient horizontales et non verticales. Pour tout dire, sans le faire exprès, on avait commandé des drapeaux hollandais pour Monsieur Hollande. Selon les dires, il s’agissait d’une erreur de livraison. Une confusion qui fit bien ricaner les journalistes. A croire qu’on ne connaît pas trop la France en Poméranie.

Et pourtant, en fouillant dans les chroniques de la ville, on apprend que Stralsund, dans le passé, a déjà eu la visite d’un bon nombre de Français. Malheureusement, ils n’ont pas fait forcément bonne figure à l’époque. Remontons dans le temps, en avril 1807. Napoléon qui a réussi une avancée fulgurante vers l’est avec ses troupes est en pleine campagne de Prusse et de Pologne. Satisfait, il informe le maréchal Lefebvre : «Le maréchal Mortier a battu les Suédois et les a mis dans le plus grand désordre. On pe[ut] considérer cette petite pièce comme finie.»

La ville de Stralsund dont il est question ici appartient alors à la couronne suédoise depuis 1648 et après un siège de quelques mois, les troupes du Premier Empire semblent s’être emparées de Stralsund.

Mais en fait, la «pièce» en question n’est pas vraiment finie. Quelque temps plus tard, Stralsund est conquise par la Prusse qui la rend peu après à la France qui la cède, bien contrainte, à la Suède qui finit par l’abandonner à la Prusse en 1815. Enfin bref, un vrai capharnaüm et bien des victimes mais, heureusement pour la ville, sans dégâts majeurs. Oui, heureusement ! Car de nos jours, le centre-ville historique de Stralsund qui remonte au XIIIe siècle vaut le déplacement. Et on pardonnera aux habitants de ne pas miser sur les touristes français.


La ville hanséatique de Stralsund dans la brume. Silhouette de la ville au caractère médiéval.

Le gothique de brique – très chic !

Si vous vous y aventurez un jour, vous risquez de tomber amoureux de son port, de son caractère insulaire et de sa silhouette en brique. Alors, lancez-vous comme moi dans les petites rues de cette ville médiévale à la recherche des fameux bâtiments du « gothique de brique ». Direction centre-ville !



Nous voici sur la place du marché (Alter Markt) en fin d’après-midi. Autour de nous, les bâtiments tous plus beaux l’un que l’autre sont éclairés par un soleil généreux. Pour l’oeil, Il y a vraiment l’embarras du choix : l’hôtel de ville, plusieurs églises et un superbe alignement de résidences particulières. Au fait, toute cette partie de Stralsund est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2002, entre autres pour son rôle de «diffusion des techniques de construction en brique» pendant la Ligue Hanséatique et pour son authenticité.



A quelques mètres de la place, dans la rue qui descend vers la gauche, on reste admiratif devant cette maison appelée Wulflamhaus qui date du XIVe siècle.



En fait, où que l’on regarde, on est devant une véritable enfilade de pignons gothiques. Superbe !



L’Hôtel de ville de Stralsund date lui aussi de la période gothique (1250). Sa façade qui en impose avec toutes ces fenêtres et cette belle brique rouge et noire fut construite pour en mettre plein les yeux car qu’on soit à Stralsund ou à Lübeck, il s’agissait à l’époque d’afficher sa puissance.



Juste avant d’arriver sur la place, on peut apercevoir le portail de l’église gothique Sankt-Nikolai-Kirche (1276) dans un dédale de vieux murs. Oui, l’église se trouve à dix pas de l’Hôtel de Ville. Deux merveilles l’une à côté de l’autre… Donc, on peut presque passer de l’église à l’intérieur de l’hôtel de ville sans sortir le bout de son nez. Une galerie splendide !

L’Ozeaneum



Et tant que vous y êtes, allez à l’Ozeaneum qui se trouve le long du port et dont l’architecture moderne en forme de vague ne passe pas inaperçue. Ce musée de la mer vous invitera à faire un voyage sous les mers et au fond des océans. En arrivant à l’intérieur et avant même de prendre l’escalier roulant, levez la tête. Vous verrez alors les squelettes spectaculaires de baleines suspendus au-dessus de vos têtes. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si l’escalier fait 34 mètres. Il permet de mieux s’imaginer la taille d’une baleine bleue.

Les salles d’expositions et les aquariums représentent différentes zones de la Baltique, de l’Atlantique mais aussi de la mer du Nord ce qui permet de mieux comprendre les mécanismes des mers et des océans ainsi que leur écosystème propre.



Dans plusieurs grandes salles aux lumières tamisées dans les tons bleus ou verts, des représentations graphiques ou plastiques riches en détails, des modèles et des animaux naturalisés mis en scène nous rappellent la richesse de cet élément aquatique.



Une petite note d’humour entre deux: Cherchez l’aquarium où nagent la lagonea potare ou bouteille commune ainsi que la dissipa continens ou sac plastique. Un message clair de la part de Greenpeace et de l’équipe du musée pour nous sensibiliser aux problèmes de pollution causés par notre monde moderne.

Sur la terrasse extérieure, vous aurez une jolie vue de la ville et pourrez dire bonjour aux pingouins ou caresser une étoile de mer.



Ensuite, après vous être renseignés sur les atouts des fonds marins et les abus de notre civilisation, en plongeant à 4 000 mètres de profondeur, vous rejoindrez les fumeurs et ses habitants des abysses.

Et pour finir, allongés dans des chaises-longues en bois, dans la pénombre, vous pourrez admirer les modèles 1:1 des géants marins pendant qu’une voix douce vous parlera de ce qu’il faut protéger à tout prix : les baleines et orques chassés pour leurs organes et menacés par la pollution.



Nous avons profité d’une matinée fraiche et embrumée pour faire le tour de ce grand musée. Il faut compter au moins quatre heures de visite même si vous ne pouvez pas lire les enseignes.

Donc, prenez votre temps et je vous donne deux petits conseils :

Garez votre voiture dans le parking du port (Parkhaus), au mieux sur la plate-forme pour profiter de la vue sur la ville. Par contre, il faut dire que ce stationnement a un certain prix (et un prix certain).

Un bon plan pour la visite

Au musée, surtout si vous faites la visite avant de déjeuner, allez au point Info si vous voulez sortir de l’Ozeaneum pour aller manger. On vous tamponnera la main. Je conseille un bon petit poisson à la Fischhalle. Ce restaurant se trouve dans la rue à gauche du bâtiment. Mais les bateaux accostés le long des canaux ont du poisson certainement frais aussi. Evidemment, vous pouvez également vous éloigner un peu plus, partir en ville et revenir plus tard.



Le petit coin de la Baltique

Quelques impressions supplémentaires des aquariums sur la mer Baltique :



Si vous voulez en savoir plus sur la mer Baltique, je vous conseille de lire mes articles sur :

Sources et liens