Ah, qu’est-ce que je me vois bien dans une petite maison sur la péninsule de Wulfsfelde ! Juste un week-end. Comme ceux qui viennent s’y retrancher, s’y reposer, s’y refaire une santé après une semaine de travail. Juste quelques jours dans une de ces résidences cachées entre les arbres, à quelques pas du lac de Westensee.
A moi la vie de Canadienne : les odeurs de résine, les volets en bois, les feux de cheminée, le canoé et son petit chariot à côté du tas de bois. Peut-être pas une des grandes villas (même si je ne dis pas non à la vue) mais plutôt une des petites cabanes qui semblent perdues dans la nature. Si perdues qu’il m’a fallu pas mal d’années avant de les découvrir et pourtant, j’habite à quelques kilomètres de là.
A moi le charme de cette commune un peu hippie où la discipline allemande semble en suspens depuis les années 1920, où les routes n’ont jamais vu d’asphalte, où les voitures sont souvent un peu crottées et où les panneaux font assez « Fait maison ». L’hiver, les flaques sont larges et profondes, la nuit, il fait noir et les lumières sont rares. Un labyrinthe de chemins qui se ressemblent tous. Dans les bois.
J’ai déjà présenté quelques coins du Westensee ; surtout ceux qui sont situés à l’ouest et au sud du lac :
- la presqu’île de Hohburg
- la forêt autour de Wrohe
- la rivière de l’Eider
- le « sommet » du Tüteberg
- la montagne cachée du Kieler Berg.
Si on allait faire un petit tour au nord-ouest cette fois-ci ?
Je vous propose d’aller dans la commune de Felde qui se trouve entre Kiel et Rendsburg. Nous allons partir du lac et de sa plage, passer juste devant une ferme qui ressemble plutôt à un petit manoir avant de longer les champs et de parcourir les bois à la recherche de ces « Sommerhäuser » faits parfois de bric et de broc, mais surtout avec beaucoup d’amour. Allons en direction de la péninsule de Resenis et du lac de Bossee qui sommeille juste à côté du Westensee, comme un petit frère qui se colle à son aîné.
Avec un peu de chance, nous verrons un aigle lorsque nous serons en haut de la colline et que nous surplomberons une partie du lac.
La plage
Pour le public, Wulfsfelde est avant tout une plage — l’endroit où les gens du coin viennent se baigner. On y trouve un îlot en plastique bleu qui flotte sur l’eau et une bande de sable clair entre les roseaux et les herbes hautes de la rive.
J’imagine même qu’un secouriste surveillle les baigneurs à la belle saison. En tout cas, il y en a eu dans le passé. Une chaise-haute en métal et les panneaux aux murs de la maison rouge en témoignent.
La ferme de Wulfsfelde
Je ne sais pas grand chose de la belle bâtisse qui se trouve à côté de la plage et j’avoue que je n’ai pas osé m’aventurer très longtemps à l’intérieur de la cour. J’ai simplement remarqué qu’avec sa grande grange en bois, elle avait un charme fou.
A l’origine, cette ferme était une chaumière et servait de bergerie. Au début des années 1930, elle fut victime d’un incendie et dut être reconstruite. Par la suite, elle accueillit des vaches laitières mais à partir des années 1970, l’étable resta vide ce qui explique pourquoi il fallut restaurer son vieux grenier en 1997 — un grand espace qu’on appelle aujourd’hui le « Alter Heuboden ».
Depuis 2018, Wulsfelde qu’il ne faut pas confondre avec le Gut Wulksfelde près de Hambourg héberge plusieurs entreprises, un « Coworking Space ».
Le lac se trouve à quelques mètres du porche mais on ne peut pas s’y rendre à ma connaissance même s’il y a un ponton et des bateaux. Il s’agit d’un club privé.
Les champs
Après être passé devant la ferme, on se retrouve au milieu des champs et des prés.
Les chemins
Plus loin, la forêt commence, accompagnée de ses arbres, de son fouillis de fougères et de digitales. C’est là, entre les bosquets, qu’on distingue quelques toits de maisons, des garages et des cabanes de jardin. Un four à pain ou un jardin potager sur le toit d’une maison en forme de cube ; une boîte aux lettres qui prévient que quelqu’un attend du courrier et régulièrement, un panneau ou des barrières — le signe qu’on n’a pas le droit de passer.
Derrière les grillages, les haies de rhododendrons sont exceptionnelles. Pareil pour la vue de certains jardins qu’on pourrait plutôt appeler des parcs. Ils donnent directement sur le lac et les hauteurs du Tüteberg.
Les bois
En continuant vers la presqu’île de Resenis, il faut traverser un bois. Le sentier monte vers la crête d’une colline et suit la rive sinueuse du lac. La végétation de pins, de chênes et de bouleaux permet d’entrevoir le Westensee en contrebas. Et de voir (dans mon cas) un des aigles de mer qui vivent de l’autre côté du lac — pendant quelques secondes — le temps qu’il se jette sur sa proie.
Parfois, sur cette péninsule, le sentier qui mène vers le Bossee traverse une propriété privée. Il faut même ouvrir une barrière pour poursuivre son chemin.
Qui va jusqu’à la pointe de Resenis, est récompensé par une très belle vue, un paysage sauvage qui s’étend jusqu’au lac de Bossee et par quelques trouvailles comme un géocache. Et celui-là, c’est comme les maisons cachées, il faudra que vous le cherchiez. D’ailleurs, il paraît qu’il y en a bien plus ici.