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Le Westensee Sud

Petite loutre,

Depuis que je sais que tu vis ici, blottie dans un entrelacs de racines et cachée dans ta jungle de roseaux, ton lac n’en est que plus beau.

Je t’imagine dormant dans un nid de branchages avec tes petits et je sais que je ne te verrai peut-être jamais car toi, la nocturne, l’aquatique, tu sors de ta cachette au moment où moi, je suis sous mes couvertures. Je ne suis pas assez sauvage pour passer mes nuits à t’attendre et à t’épier. D’ailleurs, combien de nuits me faudrait-il à te traquer ? Ton domaine est trop vaste, tu en as des kilomètres de côtes et fluide comme tu es, tu te faufilerais certainement entre les algues ou tu nagerais vers la presqu’île d’à côté en moins de deux pour te cacher. Tu aimes ta tranquillité, je te dérangerais.

Aussi, je me contente de t’imaginer quelque part au bord du Westensee ou sur une rive de l’Eider car je sais que tu y vas aussi. J’ai vu une photo de toi récemment, un petit spectre longiforme dans la grisaille de la nuit. Tu avais attrapé un poisson que tu t’apprêtais à déguster au bord de l’eau, quelque part entre le lac et Achterwehr, là où la rivière ressort pour se jeter quelques kilomètres plus loin dans le canal de Kiel. Qui sait si tu n’es pas ici non plus, à Hohenhude, à l’endroit où cette même rivière se mêle aux eaux du Westensee ?

Me voilà rassurée qu’on t’ait fait assez de place, nous, les hommes, et que tu sois revenue dans cette région, tout près de Kiel. Je suis bien contente aussi de te savoir dans les parages, ma voisine de quartier.

Et alors que tu commences à entrouvrir tes écarquillettes, que tu as assurément un petit creux quelque part, une envie de poissons, de moules ou d’écrevisses, je savoure un des couchers de soleil les plus romantiques de la région. Je suis sur un petit ponton baigné d’une lumière opale. Le soleil a déjà disparu et quelques poules d’eau expressives s’amusent à faire des cercles en nageant. A côté de moi, un lit de roseaux et d’arbres aux racines délavées; devant, une petite partie du Westensee et la presqu’île de Hohburg, dans l’ombre de sa forêt.

Qu’il est beau, Ton lac !

A une autre fois peut-être…

M.B.



Randonner dans la Partie Sud-Est du Westensee

Même si on ne la voit pas, la petite loutre, il y a tout un tas de très belles randonnées à faire dans cette partie du Westensee. On peut évidemment faire le tour complet du lac en une fois (ce qui est possible également en vélo d’ailleurs) mais je vous propose une promenade de deux heures environ qui me semble idéale en fin de journée.*

En partant l’après-midi, on profite de la rive sud-est car c’est à ce moment que la petite route sinueuse (et exquise du reste) qui passe le long de la plage de Hohenhude et qui mène à la presqu’île de Börner est éclairée par le soleil.



Si on a tendance à vouloir venir ici en été, au début du printemps, les forêts dénudées ont de sérieux avantages. D’abord, il y a beaucoup plus de points de vues. Ensuite, au mois d’avril, le vert a commencé à revenir un peu partout, les arbres ont déjà des bourgeons et certaines petites feuilles se sont défroissées. C’est donc déjà vivifiant de verdure mais on voit encore bien le lac. Les petites anémones des bois font du tape à l’œil par terre et les roseaux secs paraissent encore plus jaunes sous le soleil. Le lac scintille et les jeux d’ombres et de lumières ont le charme de la fraîcheur.

*Il est possible évidemment de rallonger la sauce en commençant par la vallée de l’Eider (départ : Schönwohlder Straße en direction de Marutendorf) ou en longeant d’abord deux autres lacs plus petits, le Groß Schierensee et le Klein Schierensee (départ : Am Heidberg dans la jolie commune de Schierensee). Aller jusqu’au camping de Wrohe est sympa également, surtout quand on longe le lac. On peut partir de là aussi. A vous de voir.



Le circuit Hohenhude-Hohburg

Départ et arrivée : Hohenhude (à dix minutes de KielRussee)

En guise de carte, voici le lien d’un parcours similaire qui part de Wrohe. Pour ceux qui ont leur pied-à-terre près de Kiel, Hohenhude, petit village composé de vieilles fermes imposantes et de constructions récentes, est plus proche. Le paysage incurvé y est charmant. Aux alentours de la vallée de l’Eider, les collines verdoyantes cultivées et ce qu’on appelle des « Knicks » en allemand (des talus boisés) se succèdent.

Traversez le village et garez-vous finalement juste avant le panneau jaune qui signale la sortie d’agglomération. D’ailleurs, si vous venez le week-end, il est interdit d’aller plus loin. C’est là que débute votre promenade. La petite route goudronnée qui va vers Wrohe est sinueuse. Vous êtes au niveau de l’embouchure de l’Eider qui se trouve sur la droite. Difficile de dire à quel endroit le lac et la rivière se rencontrent véritablement mais vous les voyez tous les deux sur votre droite dès le départ. En face, il y a le domaine de Marutendorf caché derrière les arbres où les aigles aiment faire leur nid depuis des années.


En marchant, vous remarquerez que le côté gauche est très pentu. Il faut savoir que le lac est encastré de moraines finales. Sur la droite, une petite bande marécageuse ruisselle entre les tapis d’anémones et descend doucement vers le Westensee. Nous longeons l’ancienne rive du lac lequel a été abaissé en 1892, lors de la construction du Canal de Kiel. Certaines sources parlent de 75 centimètres, d’autres indiquent que le niveau a descendu de un à deux mètres. En tout cas, si vous vous promenez entre Wrohe et Hohburg, l’ancienne rive, marécageuse aujourd’hui, est visible aussi. Que cette vieille allée d’arbres est romantique!

Assez rapidement, vous passez devant la « plage » qui se réduit à quelques mètres de sable, à un ponton et une rangée de bouées. Le Westensee n’a pas beaucoup de plages mais celle-ci est officielle. La vue y est magnifique et c’est ici qu’on peut assister à un très beau coucher de soleil.

En face, on voit la forêt de Marutendorf. Derrière, il y a le petit lac de Ahrensee.
A gauche, on aperçoit la presqu’île de Börner, autre amoncellement de dépôts morainiques.

Plus loin, vous arriverez dans une forêt. Tournez alors sur votre droite en direction de la presqu’île. Attention, il n’y a pas de panneau indicatif mais c’est la première bifurcation dans la forêt et le chemin est d’abord très large. En contrebas, le fouillis d’étangs et de marécages fait penser à des mangroves nordiques. Partout, des arbres moussus et poudreux sont couchés les uns sur les autres. Sur la gauche, ça grimpe assez sec (pour la région!).

Continuez jusqu’à la pointe — le chemin se rétrécit un peu et vous privilégiez le petit sentier qui descend vers la droite — et quand vous verrez une maison dans les hauteurs, vous saurez que vous êtes presque arrivés au bout. Après un petit coup d’œil sur un ponton privé, vous pouvez monter vers ce groupe de maisons en bois. Elles sont sans électricité, sans eau courante ni chauffage. La maison principale a été bâtie en 1912 par les « Wandervögel » (les oiseaux migrateurs), une association créée au début du siècle dernier. Rien que le nom laisse supposer que les jeunes qui en faisaient partie aimaient les randonnées dans la nature. Aujourd’hui, on y trouve plutôt des scouts, surtout l’été et la presqu’île appartient à l’empereur des lunettes, monsieur Fielmann, qui possède également le Gut Schierensee et le Gut Marutendorf.

En fin d’après-midi, le village de Hohenhude et sa rive sont éclairés. Le petit ponton se cache entre les joncs.
Ponton privé de Hohburg

Pour vous repérer, la carte vous aide bien mieux que ma description mais vous pouvez continuer votre route en haut ou redescendre au bord de l’eau. Si vous continuez par le sentier du haut, vous passerez devant un monument aux morts en l’honneur des victimes de nos deux grandes guerres. On part du principe qu’il s’agit aussi de l’endroit où les anciens chevaliers de Westensee, jadis, ont construit une forteresse, la Hohburg, afin de surveiller leur domaine. Comme les commerçants flamands déchargeaient leur marchandise à Hohenhude après avoir remonté l’Eider (qui débouche sur la mer du Nord) et que ces seigneurs leur réclamaient des frais de passage, les marchands finirent par se plaindre. Cela nuisait aux affaires et faisait de l’ombre à la ville de Lübeck. Finalement, la forteresse, une motte féodale vraisemblablement, fut rasée et les « Raubritter », chevaliers brigands, furent évincés en 1326.

Il est possible d’écourter à plusieurs endroits pour repartir vers Hohenhude ou de continuer sur Wrohe mais quel que soit votre point de départ, je vous conseille d’être sur le versant ouest de la presqu’île un peu avant le coucher de soleil et de retourner à la plage de Hohenhude avant que la nuit tombe. Ainsi, vous ferez d’une pierre deux coups. Des hauteurs de Hohburg, vous verrez l’étendue du lac au soleil et vous assisterez une demi-heure plus tard aux couleurs pastel du ciel sur le petit ponton de Hohenhude.

Quelques minutes de grâce ! On envierait presque notre petite loutre. 🙂

Hohburg et la silhouette de la maison der « Wandervögel »

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