Voici une promenade au bord de la Schlei — une promenade sans grande prétention mais qui, parmi les connaisseurs, fait partie des plus charmantes. A Rabel, nous sommes à quelques kilomètres de l’embouchure d’un fjord qui regorge de jolis petits coins et qui vit un tourisme grandissant depuis quelques années.
Dans cet article, je m’adresse en premier lieu à ceux qui viennent visiter la jolie petite ville de Kappeln ou le village de pêcheurs de Maasholm et qui ont envie de marcher un peu au bord de l’eau ou de voir l’endroit le plus profond du fjord car à Rabelsund, la Schlei fait jusqu’à 16 mètres de profondeur. Certains annoncent même 22 mètres.
Cette randonnée de quelques kilomètres peut se faire aussi en complément d’un tour à Schleimünde. Après quelques heures assis sur le pont d’un bateau, pourquoi ne pas se dégourdir les jambes à Rabelsund ?
Ici, le paysage est champêtre et vallonné. Rabel a d’ailleurs une falaise qui s’élève au-dessus du fjord, ce qui offre des panoramas charmants des deux côtés. Il n’y a pas de quoi faire un énorme détour mais de quoi en profiter quand on est de passage dans la région. Et de quoi rêver un peu entre deux.
Rabel se trouve à 5 kilomètres au nord de la ville de Kappeln et à 6 kilomètres de Maasholm. Du moins, c’est ce qu’un petit panneau précise à Rabelsund. Nous sommes sur le « Schleisteig », un chemin de randonnée du parc naturel de la Schlei, et sur la rive nord du fjord.
Le village est composé de plusieurs lieux-dits, d’un château du XVIIe siècle appelé « Gut Buckhagen » ainsi que d’un îlot inhabité et il s’étend sur des hectares de champs, de taillis et de bois — un paysage typique de la région qui a ses adeptes au printemps, lorsque les champs de colza sont en fleur.
Le tour que je vous propose fait un peu plus de 5 kilomètres et débute sur le parking de Grimsberg au bord de la B199. Rassurez-vous, vous quitterez cette route très rapidement et la promenade est bucolique.
Rabelsund
Imaginez que vous êtes assis sur un banc, à l’ombre d’un vieil arbre tordu par le vent. Il fait doux. Les bateaux, des voiliers surtout, passent devant vous, leurs voiles se gonflent au soleil, une petite vague se forme autour de leurs coques.
Sur la gauche, entre les joncs, un pêcheur fait siffler sa canne à pêche. A droite, vers le ponton d’une chaumière, un bruit de pagaie se fait entendre. Un petit plouf et un rire peut-être aussi.
En face — à cet endroit, la Schlei fait juste trois cents mètres, un saut de puce en quelque sorte — les arbres d’une forêt, l’Ellenberger Wald, forment une masse verte qui descend vers une bande de sable. C’est ce qui vous attend à Rabelsund.
A droite, derrière un virage, la ville de Kappeln est encore visible avec son clocher, ses cheminées et tous ses mâts de voiliers.
A gauche, la Schlei s’ouvre vers une grande zone lagunaire avant de se resserrer au niveau de la Lotseninsel, là où se trouve le passage vers la mer Baltique. On appelle cet endroit Schleimünde, reconnaissable à son phare blanc et vert ainsi qu’au groupe d’arbres qui pousse sur la presqu’île.
Un peu plus haut, derrière vous, une falaise longe la côte. En l’empruntant, vous pourrez admirer le défilé des bateaux sur l’eau et la silhouette de Kappeln.
Le chemin fait aussi découvrir le caractère champêtre de la région — ses collines généreuses, ses champs fertiles et ses zones de bosquets qui dissimulent parfois un petit ruisseau entre les arbres.
La route qui mène vers la Schlei est ponctuée de chaumières dont les plus jolies sont certainement celles qui se trouvent juste au bord du fjord, entre les roseaux et au pied de la falaise.
Aujourd’hui, ce sont des maisons de location mais à l’origine, il s’agissait de maisons de pêcheurs car la Schlei regorge de poissons et de tous temps, on y a pêché le hareng qui vient s’y reproduire en grands bancs à partir du mois d’avril. Dans un passé un peu plus récent, ces deux chaumières ont servi aussi d’auberge. Il paraît même que Frank Sinatra y passa une semaine.
A l’époque, un bac permettait de traverser la Schlei pour aller à l’auberge. Les habitants de Maasholm, quant à eux, y faisaient halte avant d’aller à Kappeln.
Je dois avouer qu’elles évoquent vraiment l’idylle des vacances comme on se les imagine : le canoë ou le petit voilier accroché au ponton, le beau lever de soleil entre les joncs, le petit-déjeuner sur la terrasse, la soirée dans la corbeille de plage.
En tout cas, quand on passe devant ou à côté de ces deux chaumières, on rêve un peu…
Maasholm
Qui a envie d’aller jusqu’à Maasholm après, y trouvera un petit port ravissant ainsi qu’une curiosité historique : toute une série de parkings à bateaux répartis au bord de la lagune.
Au port, vous pourrez vous restaurer. Autant vous dire que le poisson est frais…
De Maasholm, vous êtes encore plus près de l’embouchure. D’un côté, vous pouvez admirer les étendues de la presqu’île de Schleimünde, de l’autre, le port d’Olpenitz qui a été créé récemment.
Cela donnerait presque envie de faire un tour de bateau jusqu’à Schleimünde, l’embouchure de la Schlei. Un autre rêve qui parle de phare, de mer et de limonade… A concrétiser grâce à cet article.
Et si vous avez de la chance, vous apercevrez des cerfs sika, espèce qui se reproduit gaiement après avoir été élevée dans le parc du château de Buckhagen à Rabel. C’est Carl Hagenbeck, le créateur du zoo de Hambourg, qui avait livré ces animaux d’origine asiatique.
Pendant le seconde guerre mondiale, les animaux semblent avoir pris la poudre d’escampette. En tout cas, aujourd’hui, ils vivent en liberté dans la région de Rabel et de Maasholm.
