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Les koniks de Gelting

11 + 1 = 13

Oui, vous avez bien lu! Onze et un font parfois treize, voire même cent quand on leur en laisse le temps. En tout cas, cette règle mathématique est valable pour les koniks, ces petits chevaux rustiques qui ont été introduits dans la réserve naturelle de Gelting juste au bord de la mer Baltique. Nous sommes tout en haut, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière du Danemark. D’ailleurs, dans cette zone très nature, les portables reçoivent déjà des messages de bienvenue en danois et de la plage, on voit les portes du voisin scandinave.

Le Geltinger Birk et ses amis brouteurs



C’est dans ce paysage plat composé de dunes, de prés salés et de lagunes marécageuses que vivent six troupeaux de koniks en semi-liberté. Depuis leur introduction, on ne peut d’ailleurs plus parler d’addition mais plutôt d’une belle multiplication car aujourd’hui, ils sont presque une centaine à vivre dans la plus grande zone de pâturages du nord de l’Allemagne. Un endroit qui vaut le détour. Pas simplement pour les chevaux mais aussi pour des centaines d’espèces d’oiseaux.



Notre équation commence donc en 2002 lorsque onze koniks arrivés des Pays-Bas sont relâchés sur la péninsule de Gelting. Un mâle, onze femelles ainsi qu’une petite surprise car quelques semaines plus tard déjà, Henriette, une petite pouliche sautille dans les prés, entourée de son troupeau.



Aujourd’hui, ces petits chevaux comme le nom l’indique en polonais (« konik » signifie en effet « petit cheval ») se sont bien multipliés à Gelting et les troupeaux vivent en quasi autonomie sur une surface de 450 hectares. Selon leurs envies, ils passent d’une zone d’herbes hautes à des forêts éparses ce qui veut dire qu’on ne sait jamais si on les verra. On peut avoir la chance de les observer près des grillages qui les protègent ou de les découvrir de loin s’ils ne se cachent pas dans les bois.


Devant la rangée d’arbres, un troupeau est en train de brouter. Sur la gauche, une grue cendrée semble les regarder.

Je dis en quasi autonomie car on leur fournit du foin l’hiver s’ils ne trouvent pas assez d’herbe. Autre rendez-vous avec la race humaine : tous les ans, au mois de novembre, les troupeaux sont regroupés dans un enclos afin que les poulains nés au cours de l’année soient pucés. C’est alors que certains chevaux sont sélectionnés et quittent la réserve puisque la fondation s’est donné pour objectif une centaine d’individus et que les koniks se reproduisent bien.

Au quotidien, les stars de Gelting se partagent cette zone avec 300 bovins originaires d’Ecosse. Ces races rustiques sont adaptées aux conditions de zones humides et font partie d’un programme d’exploitation extensive du paysage.



Les habitués de Gelting

Sur les 773 hectares de surface, 260 se trouvent au-dessous du niveau de la mer ce qui veut dire que certaines zones sont régulièrement immergées. D’ailleurs depuis quelques années, comme on mise de plus en plus sur la restauration des habitats humides, cent hectares de marécages dont l’ancien Beveroer Noor qui a été asséché dans les années 1930 « regagnent du terrain ».



Ainsi, Gelting offre un habitat privilégié à un grand nombre d’oiseaux qui profitent des 250 étangs et du littoral. Comme la péninsule se trouve sur la route des migrateurs, il est logique qu’au printemps et à l’automne, des milliers d’oiseaux se retrouvent sur les plans d’eau et dans les prés salés. Alors, on assiste à un concert incessant et assez bruyant, à un mélange de cancan et de gazouillis. Pendant ces périodes de migration, on compte jusqu’à 50.000 oiseaux de petit gabarit par jour et alors qu’on comptabilise environ 150 espèces d’oiseaux migrateurs, on peut observer une centaine d’espèces qui viennent se reproduire dans les prés ou sur le littoral de la péninsule à la belle saison. Certaines espèces ont même choisi Gelting pour hiverner.

En tout cas, au printemps, vous trouverez une liste actuelle des recensements et des observations au départ de la promenade. Donc, si vous avez l’intention d’aller à la Geltinger Birk, n’oubliez pas vos jumelles. Avec un peu de patience, vous verrez l’aigle de mer qui vit ici toute l’année et un grand nombre d’oies cendrées qui viennent faire leurs nids au printemps. Ces oies, vous les trouverez surtout au bord de la plus grande étendue d’eau, à brouter en jacassant.



Ne manquez pas non plus d’observer l’énorme colonie de cormorans qui nichent dans les arbres. Au printemps, on compte jusqu’à 2000 individus.


Ça fait assez fantomatique de voir ces arbres blanchâtres tout dénudés mais apparemment, ils n’apprécient pas du tout leurs locataires !

Avec un peu de chance, vous pourrez également assister à des séances de vol qui font un peu penser aux spectacles du Puy du Fou. Ici, un héron gris :



A ce paysage humide s’ajoutent évidemment les herbiers de zostères qui flottent le long du littoral et qui s’amoncellent sur le sable en formant çà et là des banquettes grisâtres. Ici aussi, vous pourrez observer des oiseaux et comme certaines espèces aiment faire leurs nids sur la plage ou dans les dunes de la péninsule, ne soyez pas étonnés si l’accès à la plage est interdit pendant les périodes de reproduction.



Même les oiseaux de mer s’y mettent et choisissent les endroits les plus exotiques pour nicher :



Les plantes du littoral

La fondation chargée de la gestion du paysage de Gelting a recensé 380 sortes de plantes dont certaines qui sont protégées et rares comme le chou marin, le panicaut maritime que Victor Hugo appelait joliment le « chardon bleu des sables » ou la langue de serpent.

Au contraire, il y a une plante dont les écolos aimeraient bien se séparer et qu’ils combattent au lance-pierre. Et pourtant, elle fait partie des symboles de la côte Baltique. Il s’agit du rosier rugueux que l’on trouve partout dans les dunes depuis une centaine d’années. Vers 1900, on décida de planter des rosiers afin de consolider les dunes. La mer Baltique avait vécu une inondation monstre qui avait détruit une grande partie du littoral et dévasté les villes de la côte en 1872. Aussi, cette plante qui poussait vite et qui, au demeurant, faisait de superbes fleurs roses, semblait être une solution parfaite.

Qui aurait cru que ce néophyte allait envahir les côtes, menacer la végétation locale et rendre certaines parties inaccessibles ?



A Gelting (et à Holnis), vous verrez que des tapis et des bâches spéciales recouvrent le sol afin d’étouffer cette plante envahissante… mais si jolie quand elle fleurit au soleil !

Charlotte et son histoire

Malgré toute cette belle nature, n’oublions pas Charlotte pour autant ! A peine la promenade commencée, vous tomberez sous le charme d’un bâtiment venu d’un autre âge. Il s’agit de « Charlotte », un ancien moulin à modèle hollandais datant de 1826. Dans le souci d’augmenter la surface de terres arables, on avait décidé de construire une digue pour assécher les marécages et les lagunes. Deux moulins devaient évacuer l’eau du Beveroer Noor vers la mer Baltique.

Ce moulin qui sert de location de vacances de nos jours fut nommé d’après Charlotte de Plessen, la duchesse du Mecklembourg qui était morte quelques années plus tôt au château de Gelting.

Aujourd’hui, on considère ce beau bâtiment comme l’emblème de la péninsule.



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