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Le Postsee et son heure dorée

L’eau qui était tombée pendant la matinée, s’était déjà évaporée ou avait été absorbée par le sol mais les nuages n’avaient toujours pas quitté les fenêtres.

Depuis quelques années, la tendance est au gris et à l’anthracite mais ça vaut seulement pour les murs et les meubles. L’été, ce qu’on veut, c’est du soleil, des couleurs et un peu de chaleur. Surtout pas de gris. Surtout pas avec cette histoire de pandémie.

Cet après-midi là, j’avais attendu un signe du ciel. Ici, c’est comme sur la côte bretonne, il est très rare qu’il pleuve toute une journée. Le vent pousse les nuages d’une mer vers l’autre sans trop s’arrêter sur les détails en chemin. Il pleut un coup et le soleil revient. Depuis quelques heures, je regardais donc régulièrement ce qu’il se passait autour de chez moi, sûre que le soleil se montrerait quelque part. Finalement, j’avais remarqué qu’il devrait y avoir du mieux à l’est en fin d’après-midi.

C’est ainsi que je m’étais retrouvée à Preetz dans l’espoir d’avoir un peu de luminosité avant que la nuit tombe. Une petite touche dorée dans la grisaille du ciel. Et juste histoire de faire une petite promenade le long d’un lac appelé le Postsee.

Preetz et son lac

La région de Preetz se trouve à l’est de Kiel et fait déjà partie de ce qu’on appelle la Suisse du Holstein. Qui dit « Suisse », dit montagnes. Qui dit « Holstein », dit toutes petites montagnes. Des collines quoi ! Le charme de la région réside donc en son paysage courbé et ses nombreux lacs.

Même si la chaîne des lacs commence plutôt vers Plön, Preetz a ses lacs aussi. Un des plus grands, le Postsee, est composé de deux parties, lesquelles sont séparées par une digue où passait un petit train autrefois. Depuis le temps (les dernières locomotives y ont circulé en 1938), les rails ont été démontés et la voie est réservée aujourd’hui aux piétons et aux vélos.


Au niveau du petit pont qui traverse la Alte Schwentine en plein milieu de la digue, une plage minuscule permet d’admirer la partie sud du lac. La profondeur moyenne ne dépasse pas les 4 mètres.

C’est ici que commence notre balade, dans le petit village de Sieversdorf. De ce point de départ, on rejoint très vite l’ancien tracé du chemin de fer qui file tout droit en direction de la ville de Preetz.

Ce chemin traverse un paysage agricole très varié car les alentours du lac de Postsee n’ont pas subi de remembrement rural si bien qu’on y trouve encore un paysage typique de l’agriculture du XIXe siècle.



Il est composé de champs, de prés humides, de bocages, d’étangs et de mares. On trouve deux ou trois champs de fraises et de maïs au bord de l’eau, mais même ces champs sont joliment décorés :



Pendant un temps, le lac se cache derrière une lisière de joncs et d’herbes. A mi-chemin, la rive rejoint un grand pré. Son propriétaire a installé une petite échelle contre la clôture et autorise l’accès à l’eau à condition d’y aller par le chemin le plus court.



Même si ce lac est joli à regarder, ce sont surtout les prairies d’herbes et de jacobées communes qui attirent le regard.



La savane du Postsee

Les prairies naturelles font office de savane. Ici, on mise sur le pâturage extensif. Les galloways, des bovins originaires d’Ecosse, paissent ensemble dans les zones humides. Un joli tableau surtout quand les mamans ont leurs petits avec elles et que le papa veille sur son troupeau en plein milieu.


Leur territoire est ponctué de nombreux fossés dans lesquels les bêtes peuvent s’abreuver et se baigner. Depuis peu, une vingtaine de mares artificielles invitent les batraciens à s’y reproduire.



L’avantage est double : les bovins d’Ecosse sont connus d’un côté pour la qualité de leur viande, de l’autre, ils entretiennent et restaurent les milieux ouverts en toute tranquillité.


Les galloways sont des vaches de nature très paisible. Si elles s’approchent, c’est parce qu’elles sont intéressées par ce que vous avez dans la main. Un portable par exemple ! 🙂


L’heure des Drôles

Dans cette zone, on ne peut pas parler de petits sentiers. Il s’agit plutôt de larges chemins agricoles bordés d’arbustes. Néanmoins, on se sent quand même en pleine nature.

Des deux côtés de la route, les champs vallonnés sont limités par des bocages touffus et en plein milieu des prés, on a planté des arbres solitaires ça et là pour faire de l’ombre au bétail.

Sincèrement, c’est superbe dans le soleil du soir. Et quelle atmosphère quand des milliers d’étourneaux décident de changer de perchoir toutes les deux minutes.



Alors, un grand bandeau noir se déplace d’un arbre à l’autre en faisant des virages dans tous les sens. Le ciel entier piaille en chœur. Dans les arbres, c’est toute une agitation sonore.


Un véritable spectacle !




Un autre spectacle a lieu au bord de l’eau.

Alors que les rayons du soleil éclairent les herbes des prairies à l’horizontale, c’est comme si des milliers de petites graines prenaient leur envol et se mettaient à danser au-dessus de leurs plantes-mères. On voit alors des petits nuages verticaux qui ont drôlement la bougeotte. Un va et vient scintillant à un mètre du sol. Magique !




Si on regarde de plus près, on s’aperçoit que ces petites particules flottantes sont en fait des milliers de moucherons qui volent tous ensemble au soleil. Lorsqu’on va dans leur direction ou que l’on tend la main, le nuage se déplace lui aussi pour éviter le corps étranger bien trop compact. Une rencontre nature à la fois fluide et aérienne.



Et en regardant dans le ciel, on s’aperçoit que là-haut, il y a un troisième spectacle. C’est l’heure de l’aigle de mer qui profite du soleil couchant lui aussi. Certainement pas pour remplir son cœur mais plutôt son estomac.

Comme quoi, parfois, une petite promenade du soir vaut le coup. Même si la météo a décidé de coller un gros nuage de pluie sur la carte pour toute la journée et qu’on a pensé que tout resterait gris, même l’humeur… 🙂