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La vallée de la Langballigau entre terre et mer

Mon grand Nord s’achève dans les eaux du fjord de Flensburg, dans les grandes courbes et les petits plis de sa péninsule, dans une odeur de lilas et de fleurs de pommiers. Ici, c’est tout un vrombissement de tracteurs, des bottes de foin enrubannées entre les haies d’aubépine et des toits de chaume tout moussus. Là, ce sont des petits ports aux couleurs scandinaves, des berges boisées et des plages blanches de caravanes.



A Langballigau, le Danemark n’est pas à portée de la main mais à celle des yeux. Au bout de son ponton, le « Feodora II » n’attend plus qu’un « go ». S’il n’y avait pas la pandémie, ça fait longtemps qu’il ferait le trajet entre les deux voisins, plusieurs fois par semaine d’ailleurs.

Mais repartons tout d’abord dans les terres pour commencer car la balade débute dans le petit hameau historique de Unewatt.



Côté terre

Au milieu de toutes ces bosses vertes qui se faufilent vers la mer, il y a une petite rivière qui coule en méandres. On l’appelle la Langballigau. Comme « Au » signifie ‘cours d’eau’ et que ‘Langballech’ (de l’ancien danois) désigne un site élevé, on peut en déduire qu’il s’agit d’une rivière qui descend des hauteurs. C’est vrai qu’il y en a plein, des hauts et des bas entre le village de Unewatt et le port de Langballigau.


La Langballigau au cœur de la vallée

Sur les photos satellites, cette rivière ressemble à un serpent qui rampe vers un petit port en récupérant quelques ruisseaux au passage. Elle prend sa source à 14 kilomètres des côtes et parcourt des zones boisées et des biotopes humides avant de se jeter dans la mer après un dernier virage entre les roseaux.


Un des petits ruisseaux qui rejoignent la rivière
Un kilomètre avant la côte, elle a déjà gagné en volume et disparaît dans une mer de roseaux…
… avant de réapparaître avant le port.

Les 124 hectares qui l’entourent sont protégés depuis 1990 et sa vallée tunnel est considérée comme le paradis des martins-pêcheurs. Les sentiers passent dans des ripisylves d’aulnes et de frênes, ils traversent des prairies marécageuses et longent des forêts de hêtres au relief pentu. La rivière n’est pas toujours visible mais deux ponts l’enjambent en cours de route et l’ensemble est frais, l’eau omniprésente.



Et à l’ombre des arbres, on trouve une véritable rareté : la grande prêle qu’on appelle aussi la grande queue-de-cheval. Cette plante pousse autour des mares en sous-bois ainsi qu’au bord des chemins et fait ici jusqu’à un mètre de hauteur. Une taille assez impressionnante, ma foi !



Depuis 1990, la vallée est laissée à elle-même. Plus d’agriculture mais à un kilomètre de l’embouchure, vous verrez quelques races archaïques de bovins quand même. Ces vaches sont là pour entretenir la réserve naturelle et participent au maintien de la diversité. Un décor d’herbes jaunâtres qui fait un peu western même si les galloways ont des formes plus rondes que les taureaux d’Amérique.



Donc, la randonnée débute dans le petit village de Unewatt — 69 habitants et un charme grandeur XXL. Les maisons, beaucoup de vieilles chaumières et de bois peints, se trouvent juste au bord de la rivière. Une particularité réjouira ceux qui s’intéressent à la culture et à l’histoire* : le village fait office de musée à ciel ouvert. En effet, Unewatt propose un circuit de 1,7 km et pour peu qu’on ait acheté un billet, on peut entrer dans les bâtiments historiques. Chez l’habitant quoi ! L’attraction touristique du village s’appelle « Fortuna », il s’agit d’un beau moulin blanc de marque hollandaise. C’est du costaud et du vieux (1878).

*Au fait, on se trouve chez les Angles, un peuple qui alla s’installer aussi en Angleterre après avoir été chassé par les Danes mais bon, ça remonte à belle lurette.



Côté mer

Pendant des kilomètres, il est impossible de s’imaginer que la mer est proche. Aussi, c’est presque une surprise lorsque tout à coup, après avoir marché si longtemps dans la vallée et longé un marais saumâtre en lisière de forêt, la côte apparaît. Soudain, on se trouve nez à nez avec une route en bordure de mer qui barre le chemin. A vrai dire, on ne l’a pas vu venir (du moins quand les arbres masquent l’horizon).


Premiers jours de plage le week-end de l’ascension …
… juste après l’ouverture des cafés (déconfinement 2020)

Après avoir passé une ou deux heures dans le calme, on se retrouve donc confronté aux bruits de voitures et à tout un lot de caravanes et de camping-cars disséminés entre les dunes et les bosquets — qu’est-ce que ça bouge ici en comparaison !

Et pour finir, il y a le port de L.A. Eh oui, c’est comme ça que les habitants de Langballigau appellent leur port pour aller plus vite. En règle générale, on peut encore y acheter son poisson frais. Sauf le dimanche évidemment !



Ce petit port de plaisance exigu est plein de voiliers et de bateaux à moteur. Le quai attend ses visiteurs au soleil. Au bord, il y a des bistros, des restaurants, des glaces et des gaufres.

Le grand ponton accueille deux grosses navettes qui attendent des jours meilleurs. Car juste en face, il y a l’étranger : le Danemark, un autre grand Nord. Entre terre et mer lui aussi.



Infos pratiques

Certains guides touristiques préconisent de commencer par la côte, d’autres par Unewatt. Il y a plusieurs sentiers mais la route reste globalement la même. Elle fait un huit dont le point d’intersection passe au milieu de la vallée. A vous de voir !

En été, Langballigau est plein de touristes. A moins de camper là, je conseille donc plutôt de partir du parking du musée de Unewatt. En tout cas, il y a un très bon restaurant dans la rue principale de ce hameau. A réserver pour la fin peut-être ? Et pour ceux qui ne sont pas friands de virus en ce moment, c’est certainement plus aéré que les troquets du quai. Il y a une terrasse devant le restaurant et un jardin de l’autre côté de la ruelle.

Voici pour finir un circuit de randonnée (7,8 km) tiré de komoot, des informations sur la zone NATURA 2000 de Langballigau et le lien du musée.