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La caresse du crépuscule

il y a des jours où
le ciel de novembre
doux comme un feutre
tendre comme un pastel
délicat comme un voile
fait glisser son soleil
somnolent
toute la journée

au ralenti

une bille en fin de lancée
sur un tapis poudreux
qui finit quand même
par tomber
lentement
derrière les champs dénudés
et les arbres roussis
du mois de novembre

au ralenti

il y a des soirs où
la mer de novembre
douce comme un feutre
tendre comme un pastel
délicate comme un voile
fait glisser ses vagues
somnolentes
toute la soirée

au ralenti

un drap de soie en fin de sieste
sur un lit assoupi
qui finit quand même
par s’étirer
lentement
vers un phare réveillé
et un bateau engourdi
du mois de novembre

au ralenti

il y a des nuits où
la terre de novembre
douce comme un feutre
tendre comme un pastel
délicate comme un voile
fait glisser ses oiseaux
somnolents
toute la nuit

au ralenti

un arbre dénudé en fin de saison
devant un univers de bleu
qui finit quand même
par s’endormir
lentement
sur une planète embrumée
et un air de musique
du monde de novembre

au ralenti



La baie de Gelting

On dit du mois de novembre qu’il est synonyme de tristesse et c’est vrai qu’il peut être plein de journées grises, de pluie et de morosité. Mais il peut réserver aussi d’agréables surprises car ses températures fraîches figent le ciel, la mer, la terre dans un monde velouté, rendant l’instant romantique et même parfois mystique. Sur la Baltique, le soleil bas surprend les promeneurs car il assombrit la côte très tôt. Cependant, alors que les arbres dénudés se perdent déjà dans la pénombre, les derniers rayons continuent à éclairer la mer assez longtemps. Un délice feutré de pastel et un coucher de soleil au ralenti.



La baie de Gelting dont il est question ici se trouve entre Eckernförde et Flensburg, au sud de la frontière du Danemark. Son arrière-pays, agricole et vallonné, est parsemé de petits villages et de manoirs aux noms déjà scandinaves. Le hameau dans lequel je me suis retrouvée au hasard des routes s’appelle Ohrfeldhaff et je parie que presque personne ne le connaît à moins de vivre dans la région. Ici, à part la mer, le sable et une petite forêt, il n’y a pas grand chose. Tout juste un ruisseau qui se jette gentiment dans la mer.



Et un peu plus loin au bord de la plage, on trouve un camping déserté en automne et quelques maisons en haut d’une petite falaise à Steinberghaff, le village voisin. Là aussi, il y a une plage, deux pontons et une mer tranquille car elle est protégée des vents.



En face, les côtes du Danemark — une île en fait — se dessinent. Un phare se met à briller, le crépuscule arrive. Ce jour-là, la nuit tombante a décidé de caresser ce monde avant de l’envelopper de sa pénombre. Un soir de novembre plein de sérénité et de calme, un de ceux dont le cœur a besoin pour se reposer.



Et juste au bord de l’eau, entre ces deux villages, comme dans une ballade des anciens temps, il y a un vieil arbre, le dernier d’une forêt appelée Fischerholz, le bois du pêcheur. Ce chêne tout bancal se penche vers les vagues qui viennent arroser ses racines tout doucement. Il n’est pas seul. Des pierres posées là lui tiennent compagnie — et un homme avec sa guitare électrique vient lui rendre visite aussi, à l’ombre du ciel. Un concert entre hard et rock, intimiste, pour le plaisir, devant la mer, en pleine nature. Sans déranger les mouettes et les canards qui somnolent sur l’eau.

C’est quand même beau, le mois de novembre sur la Baltique. Parfait pour l’âme, surtout en pleine pandémie.


Un concert de rock en bord de mer — les grincements rythmés d’une guitare dans le silence du soir, un beau contraste !

A faire dans le coin



Au nord

Au sud