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Le petit port de Niendorf

Niendorf fait partie des ports de la Baltique dont on tombe facilement amoureux. Moi, en tout cas, j’ai craqué.

Depuis l’après-guerre, ce port appartient à la commune de Timmendorfer Strand, une des trois grandes villes balnéaires qui se trouvent au nord-est de Lübeck et qui attirent des centaines de milliers de touristes sur leurs plages tous les ans.

Malgré tout ce monde, étrangement, Niendorf a su conserver le charme d’un petit port. On y rencontre les inconditionnels bateaux de pêche de la Baltique, des cabanons de toutes les couleurs qui s’alignent le long du quai et qui vendent du poisson frais ou fumé. Les yachts et les voiliers contribuent eux aussi au décor maritime avec leurs mâts et leurs petits drapeaux, le doux clapotis des vagues contre les coques et le cliquetis des haubans dès que le vent s’en mêle.

Qui marche jusqu’à l’ancienne maison des douaniers et rejoint le bout du port, découvre une belle promenade aménagée le long de la plage de Niendorf et une grande partie de la baie de Neustadt — à gauche, les villes côtières qui s’étendent de Timmendorfer Strand à Neustadt, à droite, une côte basse et sablonneuse qui monte vers les falaises de Brodten quelques kilomètres plus loin.


En fait, le port de Niendorf n’existe que depuis une centaine d’années.

Pendant des siècles, ce petit village de la côte resta tourné vers les terres. Ses fermes et ses champs s’étendaient jusqu’à la mer, cependant seuls les pêcheurs de Lübeck et de Gothmund avaient un droit de pêche. Les habitants de Niendorf, eux, devaient se cantonner aux poissons d’un lac situé dans les environs.


En automne, quand la mer est calme, le fond sableux dévoile tous ses secrets et les reflets deviennent poétiques.

La pêche en mer fut autorisée en 1817, un peu après l’occupation des forces napoléoniennes. A cette époque, la côte était composée d’une grande plage de sable et d’un ruisseau à l’endroit du port actuel.

C’est justement à ce petit cours d’eau de 1,5 kilomètres que l’empereur français s’intéressa. Son intention : transformer l’Aalbeek en canal et faire du lac appelé le Hemmelsdorfer See un énorme port militaire. Le projet ne vit jamais le jour mais s’il avait été réalisé, il aurait englouti des sommes faramineuses puisque Napoléon pensait également construire un canal entre Paris et la mer Baltique en passant par l’Elbe et Lübeck.


L’été, les plages sont certainement pleines. En octobre, ce n’est plus le cas.

Pour les pêcheurs, c’est la plage de sable qui était importante. Ils l’utilisaient pour remonter leurs bateaux sur la grève. Ils y vendaient aussi leur poisson et faisaient sécher leurs filets.


Voilà la plage de Niendorf et la falaise de Brodten. Au fond, c’est déjà le Mecklembourg-Poméranie occidentale.

Alors que Niendorf devenait peu à peu un village de pêcheurs, le tourisme se développa sur la Baltique, les bains de mer étant prisés depuis qu’un médecin anglais en avait assuré les bienfaits. Travemünde qui se trouve dans l’embouchure de la Trave, avait déjà commencé à se transformer en ville thermale. A Niendorf, un hôtel fut créé et à partir de 1855, Johann Johannsen, l’hôtelier, loua ses deux voitures de plage aux touristes qui résidaient chez lui. Les corbeilles de plage si typiques de la région n’existaient pas encore. Elles n’apparurent que vers 1890.



De fil en aiguille, Niendorf s’orienta donc également vers le tourisme et prit de l’ampleur.

Lorsque la crue millénale de 1872 détruisit les côtes de la Baltique, elle toucha surtout cette région et ravagea complètement Niendorf. Les touristes des environs, pris de curiosité et de voyeurisme, vinrent se rendre compte des dégâts. Presque toutes les habitations avaient été détruites, les bateaux avaient été emportés ou étaient ensevelis sous le sable. Dans l’empire, on se mit à récolter de l’argent et grâce aux dons et aux aides, le village put être reconstruit.



Pendant longtemps, il fallut prendre une calèche pour accéder à Niendorf parce que le train n’allait pas jusqu’à là. Un premier ponton créé en 1909 arrangea les choses, il permit aux bateaux de touristes d’accoster plus facilement. Ainsi, avec le temps, Niendorf devint un des bains les plus populaires de la région. Il devança même Travemünde.


En fait, tout d’un coup, tout le monde s’intéressa à la plage — les pêcheurs et les touristes. Il y avait d’un côté les baigneurs, leurs carioles de bain et leurs corbeilles de plage, de l’autre, les filets de pêche, les bateaux et les caisses de poissons. Autant dire qu’en été, les odeurs pouvaient être désagréables.

Lorsqu’on incita les pêcheurs à partir, ils refusèrent. Afin de régler ce litige, Niendorf finit donc par créer un port artificiel au début des années 1920. Pour ce faire, le ruisseau de l’Aalbeek fut élargi.



Par la suite, un second port fut créé car après la Seconde guerre mondiale, plusieurs dizaines de familles de pêcheurs venues des régions de l’est s’étaient réfugiées à Niendorf. Le port était devenu trop petit.



Aujourd’hui, Niendorf accueille les amoureux des petits ports dans une atmosphère assez familiale à trois kilomètres du centre-ville de Timmendorfer Strand. Je suppose que l’été, Niendorf voit passer beaucoup de monde.

Un peu plus loin, entre Niendorf et Travemünde, une falaise s’élève jusqu’à vingt mètres au-dessus de la mer. Un sentier de randonnée permet de rejoindre l’embouchure de la Trave.


Vue de la falaise de Brodten sur la rade de Travemünde

De l’estrade du restaurant qui se trouve au point culminant, la vue est splendide. Un endroit qui mériterait une petite randonnée… La falaise étant plutôt orientée vers le nord, je pense qu’il vaut mieux y aller le matin si on veut profiter du soleil.