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1918. Un vent de révolution souffle à Kiel.

Cette année, Kiel retrouve la mémoire. Cent ans après la révolte des marins de Kiel, il est temps de remettre les choses à leur place. Que s’est-il vraiment passé au début du mois de novembre 1918, quelques jours avant l’armistice et la fin de la monarchie allemande ? Qui étaient ces marins, ces Karl Artelt, ces Lothar Popp, qui se sont solidarisés avec leurs compagnons de Wilhelmshaven, refusant de travailler, organisant des manifestations, créant un conseil d’ouvriers et de soldats, décousant les initiales de Sa Majesté sur leur chapeau de marin pour marquer leur protestation, au prix de se faire tuer ? Comment ce mouvement révolutionnaire a-t-il pu se propager comme un incendie dans tout l’empire en quelques jours et contribuer à sa chute ?

Aujourd’hui, je fais la feignante et je laisse à Arte le soin d’expliquer les dessous de l’Histoire. Regardez donc le film « 1918 : la révolte des marins » (à voir sur Arte jusqu’au 13 décembre 2018, ensuite certainement sur youtube). Les historiens français semblent eux aussi s’être intéressés à la question car j’ai trouvé un bon nombre de publications sérieuses en français sur le sujet. Faites une petite recherche et vous pourrez vous informer plus amplement sur ce chapitre. Par contre, étant sur place, j’aimerais vous montrer quelques photos de l’exposition que l’on a pu voir au musée maritime de la ville, le Schifffahrtsmuseum, jusqu’au 6 octobre 2019.

Impressions de l’exposition 2018-2019



Le parcours débute avec l’essor de la ville de Kiel, devenue grand port militaire et chantier naval dans la seconde moitié du XIXe siècle. La collection d’affiches retrace les années 1910-1920 et met en scène les grands thèmes de la manipulation par voie publicitaire :

  • les appels au patriotisme pendant la première guerre mondiale
  • les obligations de guerre
  • les campagnes incitant les femmes à utiliser leur droit de vote aux élections du 8 mars 1914
  • les campagnes invitant la population à la solidarité — planter des graines de tournesol ou de pavot ou pêcher des phoques et des dauphins pour en tirer de l’huile, faire don de peaux de lapins pour les soldats « qui en ont besoin »
  • les appels à la grève comme « Et même si l’Allemagne en crève, je fais la grève. »
  • les campagnes du gouvernement pour empêcher ces mouvements de grève : « Faites votre devoir, travaillez », « La grève détruit, le travail nourrit » ou « paix, nous l’atteignons par l’ordre »

Cette exposition comprend plus de 400 objets et met de l’ordre dans la complexité du sujet tout en restant précise. Grâce aux affiches, photos et documents historiques, on comprend mieux l’essor du port impérial de Kiel au cours du XIXe siècle mais aussi le quotidien difficile des simples marins pendant la Première Guerre mondiale. L’exposition expliquant non seulement le contexte et l’étendue de la révolte mais aussi ses conséquences, elle permet de mieux resituer les motifs des révolutionnaires.

Au vu des documents, on se rend compte d’une chose : en brandissant leurs drapeaux, en mettant leur brassard rouge et en disant non, ils n’étaient pas en premier lieu engagés dans un combat politique précis mais ce qu’ils souhaitaient surtout, c’était un retour à la paix et à la normalité.



L’exposition permet aussi de découvrir des marins en marge de l’image glorificatrice des films de la RDA. Des héros du quotidien.

D’autant plus admirables !



Bon à savoir

Achtung ! Achtung ! L’exposition à été remplacée par une autre plus générique. Tout comme au musée de la ville, ici, la visite est gratuite. A l’accueil, on peut demander un audio-guide. Les textes écrits sont en allemand (et parfois en anglais), tout comme les enregistrements audios.