You are currently viewing Le pont aux chauves-souris

Le pont aux chauves-souris

Cela fait 125 ans qu’il est là, à enjamber le canal de Kiel. C’est le plus vieux de tous. Pour l’instant, le pont de Levensau a survécu à l’élargissement du canal, aux guerres, aux allers-retours quotidiens du train qui relie Kiel à Flensburg et aux véhicules en tous genres qui traversent le canal. En 1983, on a même construit un second pont juste à côté parce qu’il ne suffisait plus aux besoins de la circulation routière croissante. Mais aujourd’hui, ses jours semblent comptés. Il est question de le remplacer par un nouveau pont car sa forme incurvée limite le passage des bateaux. Il n’est plus assez large. En parallèle, les plans actuels prévoient un élargissement du canal à 117 mètres.

Néanmoins, ceci n’est pas sans poser problème. En effet, depuis longtemps, tout le monde dans la région le sait bien : c’est le pont aux chauves-souris. La noctule commune, la pipistrelle commune, le Murin de Daubenton, le Murin des marais et la Sérotine commune — toutes ces espèces se retrouvent régulièrement et pour certaines comme la noctule en très grand nombre. Les culées du pont sont en quelque sorte un haut lieu de villégiature dans le nord de l’Europe et ça, toutes les chauves-souris le savent aussi. Quand vient l’hiver, vers mi-novembre, tout ce petit monde se presse et s’entasse à 16 mètres de hauteur dans des interstices qui font parfois jusqu’à un mètre de profondeur.

Ainsi, les deux grands murs abritent des milliers de chauves-souris qui semblent y trouver leur bonheur depuis longtemps.



Qu’on ait la larme à l’œil ou pas, ce vieux pont sera quand même remplacé et en 2024, nous marcherons sur un pont tout neuf.

Cependant, ceux qui se font du souci pour les chauves-souris apprendront dans les communiqués de presse qu’on ne touchera pas à la culée du versant sud et si le canal est élargi, ce sera du côté nord (dommage pour les vipères péliades qui y vivent). En plus, depuis 2014, il paraît qu’on habitue les chauves-souris à nicher au sud en fermant les trous naturels de l’autre côté. Cet entraînement a l’air de porter ses fruits même si selon NABU, les noctules persistent et signent : elles veulent rester au nord. Dans tous les cas de figure, à Kiel, nous prions très fort pour que toutes ces chauves-souris ferment leurs écoutilles pendant les travaux. Et qu’elles nous restent fidèles !



Un peu d’histoire

Lorsque les dirigeants du royaume de Prusse firent construire le canal de Kiel entre 1887 et 1895, ils pensaient surtout à construire plus grand, plus droit et plus profond. Le canal de l’Eider (article), presque centenaire, avait de vilains défauts. Trop étroit et  trop sinueux, il était devenu inadapté au nombre et au gabarit croissant des vaisseaux. Il fallait faire quelque chose. Mais construire un nouveau canal signifiait aussi qu’on aurait besoin de ponts car le canal de Kiel traverse le pays et le sectionne.

Si au départ, seuls sept ponts dont celui de Levensau étaient prévus, aujourd’hui, il en existe dix entre Kiel et Brunsbüttel qui permettent de passer sur cette voie d’eau. Le beau pont de Levensau est le plus vieux de tous. Jusqu’à présent…

A faire dans les environs



suivre les pas de Jules Verne et marcher le long de l’ancien canal, voir les vestiges de l’écluse de Rathmannsdorf (à faire à pied en partant du pont ou en garant la voiture à cinq minutes de là)

faire une promenade à Holtenau le long des quais et voir passer les gros bateaux

aller sur une des plages ou marcher le long de la côte au nord du canal